dimanche 17 juin 2012

Le mythe de l’immortalité (héroïque) à l’origine de la conception humanitaire

On a cru jadis que le culte du soleil avait été connu de toute l’humanité. Les premiers essais de mythologie comparée croyaient en déchiffrer les vestiges pratiquement partout. Pourtant, l’ethnologue Bastian indiquait, dès 1870, que le culte solaire ne se rencontrait, en fait, que dans de très rares contrées du globe. Frazer, dans ses enquêtes sur l’adoration de la Nature (The worship of Nature, 1926) notera l’inconsistance des éléments solaires en Afrique, en Australie, en Mélanésie, en Polynésie et en Micronésie.

Ce n’est qu’en Egypte, en Asie, en Amérique précolombienne et dans l’Europe archaïque que ce que l’on a appelé le « culte du soleil » a joui d’une faveur pouvant devenir prépondérante.

Plus qu’aucune autre, la religion égyptienne a été dominée par le culte solaire.

            L’histoire

L’étude des origines historiques de la doctrine solaire place l’apogée de la solarisation du culte sous la Ve Dynastie. Il en résulte un renforcement de la mystique de la souveraineté, le souverain étant lui-même identifié avec le soleil Rê (ou Râ), et un renforcement de la théologie hiéropolitaine et du pouvoir des prêtres de Hiéropolis. Rê devient alors un dieu solaire et impérial, auquel s’ajoutera un aspect funéraire.

La suprématie solaire a été précédée par celles d’autres figures divines plus anciennes et plus populaires, n’appartenant pas exclusivement à des groupes privilégiés.

Dès l’époque ancienne, le dieu solaire avait absorbé diverses divinités telles que Shu (dieu de l’atmosphère, figure originairement ouranienne), Atum (lui-même provenant de Ur (wr) issu à son tour d’un très ancien Allgott céleste ; Ur signifie « le Grand » et prend pour épouse, dans certains cas, la déesse Nut (wrt), « la Grande », conformément au mythe du couple cosmique Ciel – Terre ; l’absence totale d’Ur sur les monuments publics (et donc royaux) égyptiens s’expliquerait par son caractère populaire), Horus et le scarabée Khipri ( ?. Vandier, La religion égyptienne), Amon (lui-même probablement originaire d’une très vieille divinité du Ciel ( ?. Wainwright)).

A partir de la Ve Dynastie, le phénomène se généralise : de nombreuses divinités sont fondues avec le soleil Rê et donnent ainsi naissance aux figures solarisées Chnum-Rê, Min-Rê, Amon-Rê, etc.

            Le duel entre Rê et Osiris

Pendant un certain temps, Rê va subir une concurrence de la part d’Osiris.

Le soleil se couchait dans le Champ des Offrandes ou Champ du Repos pour se lever le lendemain au point opposé de la voûte céleste appelé Champ des Roseaux. Ces régions solaires qui, dès l’époque prédynastique, relevaient du domaine de Rê, reçoivent par surcroît, au cours des III-IVe Dynasties, une affectation funéraire. C’est du Champ des Roseaux que l’âme du pharaon décédé part à la rencontre du Soleil sur la voûte céleste, pour arriver, guidé par lui, au Champ des Offrandes. Malgré sa qualité divine, le pharaon devait emporter de haute lutte contre le gardien du Champ des Offrandes, le Taureau des Offrandes, le droit de s’installer au ciel : il s’agit d’une épreuve héroïque, d’essence initiatique, par laquelle devait passer le pharaon (Textes des pyramides).

Au cours du temps, les textes finissent par ne plus mentionner le duel avec le Taureau des Offrandes, et le défunt monte au ciel par une échelle ou vogue à travers l’océan sidéral pour atteindre le Champ des Offrandes, guidé par une déesse et sous la forme d’un taureau resplendissant.

Le mythe (ou rite ?) héroïco-initiatique dégénère en un privilège politique et social. Ce n’est plus au titre de « héros » que le pharaon a droit à la souveraineté et acquiert l’immortalité solaire ; ce n’est qu’en tant que chef suprême qu’il est mis en possession de l’immortalité sans devoir accomplir d’ « épreuve initiatique ». La conquête héroïque de l’immortalité se dégrade en acquisition spontanée de l’immortalité par l’appartenance à la royauté.

            Le culte d’Osiris

L'apothéose céleste que connaît le pharaon est difficilement accessible au commun des mortels.
Cette condition privilégiée du pharaon après sa mort conduit à l’ascension d’Osiris comme dieu funéraire non aristocratique (populaire). Osiris est certainement le dieu le plus populaire d'Egypte (son culte gagnera même la Grèce et l'Empire Romain). La mythologie populaire a construit une légende qui tente de concilier les différents aspects de sa personnalité. Ce fait tient au caractère presque humain du personnage très différent de la plupart des divinités égyptiennes que leur personnalité abstraite rend moins accessibles au commun des mortels et dont le culte nécessite souvent l'intervention d'un clergé. Osiris est le dieu que les Égyptiens adorent avec la plus grande ferveur.

La seconde Période Intermédiaire connaît des guerres civiles et le doute et la peur s'installent dans la population. L'idée de s'identifier à une divinité qui a vaincu la mort et qui règne sur le monde souterrain de la nécropole se répand et l'espoir que chacun puisse devenir un Osiris dans l'au-delà est une perspective réconfortante qui se généralise. L'idée de résurrection se « démocratise » et la personne d'Osiris tient alors une place centrale dans les croyances funéraires égyptiennes. Cette conception se développe à la fin de l'Ancien Empire.


            Le mythe de la passion d’Osiris

Bien que populaire, la figure d'Osiris n'en est pas moins complexe et il est nécessaire de connaître la manière dont son culte s'est développé pour bien saisir la personnalité du dieu.

Osiris est le nom grec d'un dieu de la mythologie égyptienne qui fait partie de la grande Ennéade d'Heliopolis. Son vrai nom est Ounnofri (ou Ounennéfer) (« L'Etre perpétuellement Bon »). A l’origine, Osiris ne devait être qu’un dieu modeste incarnant vraisemblablement les puissances de la terre et de la végétation. Le cycle annuel de la végétation qui meurt sous les eaux de la crue du Nil puis renaît après la décrue du fleuve, symbolise l'idée de la résurrection. Cette conception funéraire appliquée à la personne d'Osiris fait le succès de cette divinité.

Le lieu de naissance du culte d'Osiris est difficile à établir. La couronne blanche que le dieu porte dans ses représentations au Moyen Empire indique que le dieu est originaire de Haute Egypte. Sa présence est attestée à Héliopolis et à Busiris au début de l'Ancien Empire alors que les Textes des pyramides associent fréquemment le dieu avec Abydos et la Haute Egypte.

A Busiris, il est associé à une divinité plus ancienne aux attributs royaux du nom d'Andjty (ou Andjky), le « protecteur des morts », à qui il emprunte Heka (la crosse) et Nekhekh (le flagellum), symboles du pasteur et du protecteur du peuple. Il en retire l'image d'un dieu-roi, souverain des temps primordiaux.
A Memphis, Osiris est assimilé au dieu Sokaris dont les attributs chthoniens facilitent l'osmose. Mais c'est surtout le caractère funéraire de Sokaris qui enrichie sa personnalité. Cet aspect mortuaire se renforce lorsqu'il remplace à Abydos le dieu des nécropoles Khentamentiou. 

Geb, dieu de la terre, et Nout, déesse du ciel, eurent quatre enfants : deux garçons, Osiris et Seth, et deux filles, Isis et Nephthys (Nephtys, Nephtis, orthographe ?).
Selon la légende égyptienne, Osiris put naître par stratagème puisque Nout était sous le coup de la malédiction portée par Rê qui avait condamné celle-ci à la stérilité (pourquoi ?). Le dieu Ibis Thot, pour tourner cette condamnation, inventa de donner au temps cinq journées en appendice de plus dans l'année : Osiris fut conçu lors de cette période.

Osiris, l'aîné, succéda à son père sur le trône et régna avec Isis, sa soeur et épouse. Souverain juste et bon, aidé d’Isis, il entreprit une œuvre civilisatrice et inculqua aux humains le respect des dieux, enseigna les rudiments de l'agriculture et de la pêche à son peuple (il fut adoré à l'origine comme dieu des forces végétales) et lui donna les lois clés d'un gouvernement équilibré.

Seth, jaloux des perfections de son frère, fit fabriquer en grand secret un coffre aux mesures exactes d'Osiris et l'apporta au beau milieu d'un festin en compagnie de 72 complices. Seth promit de l'offrir à celui qui le remplirait exactement. Lorsque Osiris s'y allongea, Seth et ses complices se précipitèrent pour clore le coffre hermétiquement. Le cercueil d'Osiris fut jeté dans le Nil (ou la mer ?) mais Isis (la « Grande Magicienne », la « Grande Mère ») retrouva le corps sur la rive de Nédit à l’endroit de son assassinat (ou dans le port libanais de Byblos ?) et ramena la dépouille d'Osiris pour la cacher dans les marais. Au souffle de sa magie, alliée à celle de Nephthys, elle lui redonna brièvement la vie, par le battement de ses ailes, le temps d’une ultime union charnelle dont naîtra Horus, que, par précaution, elle cacha dans les marécages du delta à Chemmis pour le soustraire à la violence de son oncle Seth.

Seth, ayant trompé la vigilance d’Isis, découvrit le cadavre d’Osiris, le déroba et le mutila en quatorze morceaux qu'il dispersa.

De nouveau, la déesse – épouse, au cours de sa seconde quête, découvrit les restes du dieu (à l’exception de son phallus, dévoré par le poisson du Nil Oxyrinthe). En compagnie de sa sœur Nephthys, elle exhala sa douleur dans ses lamentations qui devinrent célèbres et qui furent ensuite utilisées sous formes d’hymnes dans les mystères isiaques (avec la décadence, les « mystères » d’Osiris dégénérèrent en « mystères » isiaques qui émigrèrent d’Egypte en Europe). Isis aidée d’Anubis rassembla les morceaux épars du corps d’Osiris et, sous forme d’épervier magique, le ressuscita après les rites de l’embaumement (Isis reconstitua le corps d'Osiris qui fut momifié par Anubis). Il devient la première momie, Ounen-Néfer (« L'Eternellement Beau ») car protégé de la putréfaction.

Enfin, la passion d’Osiris connut un dernier prolongement dans la guerre entreprise par son fils Horus qui vainquit Seth et vengea son père (Seth fut à son tour émasculé), avant de reprendre le trône d’Egypte. Les combats entre Horus et Seth, d'une rare violence possèdent une dimension tragico-comique. Chacun essaie de ridiculiser son adversaire pour le discréditer devant l'assemblée des dieux. Le contentieux est jugé devant le tribunal divin qui rend la royauté d'Egypte à Horus. L'épisode de cette lutte symbolise le combat du bien contre le mal, de l'ordre contre le désordre. Horus représente la stabilité, Seth le chaos. Cet épisode du mythe d'Osiris pourrait tirer son origine de combats prédynastiques entre le Nord et le Sud de l'Egypte divisé en deux royaumes.

Osiris est représenté par un homme sous la forme d'une momie serrée dans un linceul funéraire, les bras croisés sur la poitrine, tenant dans une main les insignes de la royauté, la crosse et le flagellum, que porte aussi le Pharaon (attributs de sa fonction de maître tout-puissant). Il porte la barbe étroite et tressée des pharaons et des dieux.

Il peut être aussi représenté comme un pilier Djed, symbole de la stabilité. Le mot « djed » signifie la stabilité et durée. Le pilier Djed était souvent offert au pharaon par les dieux. Pour les Égyptiens, il représentait la colonne vertébrale d'Osiris. Pour les égyptologues, sa forme représente soit quatre chapiteaux superposés, soit quatre piliers alignés les uns derrière les autres, soit un arbre ébranché stylisé qui conserverait l'amorce des branches principales.

Vivant, mort puis ressuscité, Osiris préfigure l’initié pour qui la mort n’est qu’une étape sur le chemin de la vie pneumatique. C’est sans doute cette circonstance qui fit de lui le « Roi des morts » et non seulement celui des vivants. Il transforme le royaume des morts en champs fertiles : les champs d’Ialou. On retrouve dans le mythe d'Osiris le rythme symbolique de la désintégration et de la réintégration sous une forme plus élevée.
Dans l'au-delà, Osiris préside le tribunal divin qui juge les actes terrestres des défunts. De son verdict dépend leur survie bien heureuse (félicité éternelle) ou leur damnation. L’Occident, le chemin des morts, devient une région osirienne, l’Orient demeure le privilège du Soleil. Puis Osiris s’arroge progressivement les deux champs célestes, zones funéraires par excellence.

Conduisant les âmes du corps défunt vers les cieux, Osiris est donc l’intermédiaire entre la Terre (Geb) et le Ciel (Nout). C’est lui que toutes les Traditions désignent comme l’Homme Primordial. Osiris se hausse au titre de père et de prototype de tous les hommes qu’après avoir été tué et démembré. C’est l’éparpillement nécessaire de la lumière divine : la Chute qu’il conviendra ensuite de réparer par la réintégration de la lumière. C’est l’Adam Kadmon de la Kabbale dont les vases (kelim) se brisent ; c’est le Prajapati védique qui est dépecé ; c’est le Christ qui meurt en croix (dans la direction des quatre points cardinaux).
L’Homme Primordial fonde le monde sensible et le modèle. C’est à lui que les hommes sont redevables de leur civilisation, c’est lui qui leur enseigne la manière de travailler les métaux, de travailler la terre, de se livrer à l’élevage, de bâtir des villes, de se donner une écriture.

L’affaiblissement de l’empire pharaonique et les contacts de plus en plus répétés de l’Egypte décadente avec la Grèce donnèrent un visage nouveau au « mystères » égyptiens. Ils s’hellénisèrent tandis que s’égyptianisaient les dieux grecs. Les Grecs identifièrent Isis à Demeter, Osiris à Dyonysos, Horus à Apollon.

Les Sœurs et les Frères plus avancés n’ignorent probablement pas combien l’influence de l’ésotérisme égyptien sur les sociétés des « mystères » des autres pays méditerranéens s’est prolongée bien au-delà de la période antique. La légende d’Osiris constitue une des preuves les plus éclatantes de la continuité et de l’analogie des rites initiatiques à travers les âges.
Les « mystères » égyptiens se pratiquaient selon un rituel dont l’initiation, après les phases préliminaires, consistait à envelopper le récipiendaire dans une peau de bête récemment égorgée ou encore dans un linceul. Après le déroulement des rites, le nouvel initié quittait le linceul et renaissait comme un « nouvel Osiris ». L’initié des « mystères » d’Osiris était enroulé dans un linceul de mort exactement comme le Maçon initié moderne doit, dit-on, être couché dans un cercueil. Osiris était mis à mort par son frère comme Hiram est assassiné par les compagnons félons.

Le mythe de l’immortalité (héroïque) à l’origine de la conception humanitaire

Mais, avec le temps, les textes se multiplient qui indiquent que la résistance du Soleil est finalement victorieuse. Osiris est réduit à conduire (notion d’aide, d’accompagnement, d’intermédiaire, d’humanitaire, …) les âmes par un itinéraire céleste, solaire, pour les sauver de l’annihilation.

C’est l’expression d’une révolution de type « humaniste » : la conception héroïque, initiatique de l’immortalité, offerte à la conquête d’une poignée de privilégiés s’étend à celle d’une immortalité accordée à tous les privilégiés. Osiris développait dans une conception « démocratique » cette altération profonde de la conception de l’immortalité : chacun peut obtenir l’immortalité à condition de sortir victorieux de l’épreuve. Cette notion d’épreuve est donc dépendante de la notion de survie ; mais aux épreuves de type héroïque, initiatique (lutte avec le Taureau), la théologie osirienne substitue des épreuves de type éthique et religieux (bonnes œuvres, etc.).

La théorie archaïque de l’immortalité héroïque royale cède la place à une conception humaine et démocratique de cette immortalité par le truchement de l’épreuve humanitaire.

14 décembre 2003

José Antonio Serrano, 19 mai 2012

Las grandes obras son importantes, pero en el cada día,esas pequeñas acciones llenas de amor son aquellas que más nos llenan nuestro espíritu. Querer y aceptar al ser humano y quizas de una manera muy especial a todas aquellas que requieren de nuestra pequeña acción de AMOR es algo que nos alimenta de más vida. Continuemos, así les sugiero, en esas acciones positivas y de ayuda a la EDUCACIÓN ESPECIAL en nuestro país, no desmayemos en nuestro esfuerzo cotidiano de hacer algo, aunque sea muy pequeño, en favor de las personas con necesidades especiales, a todos sin excepciones. El AMOR se da y el sólo regresa a veces con las cosas más insignificantes, las cuales nos llenan de vida y ganas de seguir adelante. AMEMOS y DEMOS AMOR a plenitud y sin nada esperar.  

Comment envisager et dévisager la beauté

Il faut sauver les beautés offertes et nous serons sauvés par elles. Pour cela, il nous faut, à l'instar des artistes, nous mettre dans une posture d'accueil, ou alors, à l'instar des saints, dans une posture de prière, ménager constamment en nous un espace vide fait d'attente attentive, une ouverture faite d'empathie d'où nous serons en état de ne plus négliger, de ne plus gaspiller, mais de repérer ce qui advient d'inattendu ou d'inespéré.
François Cheng - Oeil ouvert et coeur battant. Comment envisager et dévisager la beauté. Littérature ouverte, Desclée de Brouwer, 2011